Une vie de lutte

Grave est une jeune femme grande et svelte. Avec sa posture masculine, et ses muscles parfaitement taillés à force de combats, elle aurait facilement pu se faire passer pour un homme si ses attributs féminins  ne s’étaient pas manifestés. Elle a des cheveux bruns coupés à la va vite qu’elle ne peut s’empêcher de remettre en place toute les cinq minutes et des yeux gris froids et perçants. Elle a pris l’habitude de faire une petite moue à la place de sourire lorsqu’elle est contente. Grave a de sales balafres un peu partout sur le corps. Ce n’est pas particulièrement beau mais elle aime la crainte qu’elles inspirent à ses adversaires. Elle dit aussi que ça l’aide à se souvenir du passé.

Grave n’est pas toujours facile à supporter, car oui, on peut le dire, elle a la grande gueule ! La jeune femme s’est forgée un caractère impressionnant et possède un humour tranchant comme la lame de sa hache favorite, Azoth. Décomplexée, elle ne se pose pas la question avant de « rentrer dans le lard » - comme elle adore le dire - de ses amis comme de ses ennemis. Un peu brute, elle n’hésitera pourtant pas à se sacrifier pour ceux à qui elle tient même si elle ne l’avouera jamais. Grave n’aime pas la solitude et préfère se déplacer avec toute une bande de joyeux luron. Ca non plus, elle ne l’avouera jamais. « J’ai déjà Azoth. Je n’ai rien besoin de plus, connard. » Elle est aussi très vulgaire, mais cela va sans dire que vous vous en rendrez compte assez vite.

Grave peut être stratégique, et même si elle préfère foncer tête baisser, elle mesure toujours les conséquences de ses actes. Mourir est bien la dernière de ses priorités, car elle est bien décidée à faire chier un paquet de monde avant de passer de l’autre côté.

Grave connait parfaitement ses limites mais se fiche complétement de les dépasser. Personne ne sait si c’est du masochisme ou si elle est simplement inconsciente, mais son comportement à risque a tendance à exaspérer ses co-équipiers. Elle le sait et s’en fou.

Précise à l’extrême et exigeante avec elle-même, elle ne baisse jamais les bras et n’abandonne jamais lorsqu’elle a une idée en tête. Elle ne craint pas la mort mais l’oubli. Les souvenirs sont ce qu’elle a de plus cher.

Elle étouffait. Une substance visqueuse enveloppait le corps recroquevillé de Grave lorsqu’elle prit conscience dans une obscurité totale. Elle aimait l’absence de lumière et de bruit qui l’entourait mais celle d’air la gênait légèrement plus. Immédiatement, Grave tenta d’étendre ses bras, de se relever, de marcher, de vivre ; mais son corps se trouva heurter des parois solide et visqueuse. Avec hargne, elle frappa du point sur ce qui l’empêchait de respirer et malgré le liquide qui l’entourait, elle put entendre les chocs sourds se répercuter tout autour d’elle. Ce mur ressentait ; il vibrait nonchalamment au rythme des coups de la jeune femme. Grave se plaqua contre la paroi curviligne tentant presque de passer à travers la chose. Avec hargne, elle commença à griffer et taillader la surface liquoreuse de la cloison. Elle savait exactement ce qu’elle devait faire, et l’avait toujours su. C’est donc en se débattant comme un diable qu’elle fit exploser de son poing une partie de la cloison. Le liquide se répandit lamentablement au sol laissant Grave s’échapper de son désagréable cocon. Il faisait nuit, et c’était mieux. Les cheveux de la jeune femme avaient pris une consistance visqueuse. Sans qu’elle puisse s’en empêcher, elle les rabattit en arrière et remonta légèrement le coin droit de sa bouche. La brise fraiche caressait sa peau lorsqu’elle sortit Azoth de ce qui restait de son œuf. La lame de sa hache était aiguisée à souhait ce qui renforça le rictus de Grave. Une légère brume s’éleva de la poigné de son arme lorsqu’elle la plaça stratégiquement sur son épaule osseuse. Elle était née en se battant, laissant derrière elle son ancienne carcasse. Elle mourrait de la même façon : arme au poing et quand elle le voudra.