Le sanctuaire [Ray et Ki-Ja]

♦ Ki-Ja se réveilla, à la lumière faible d'une lanterne, dans une toute petite pièce remplie d'un bazar tel qu'il pouvait à peine bouger. Sa respiration formait des volutes de fumée devant lui, et ses poils se hérissaient quand il comprit qu'il faisait froid dans cet endroit. Grâce à l'éclairement fourni par la lampe, il put voir la porte qui se trouvait devant lui, et grâce à un rapide mouvement de main, il sut qu'elle était fermée à clé. Sans un mot, il détailla du regard la salle, quand son regard se posa sur le monstre le plus horrible qu'il ait jamais vu : une grosse araignée le lorgnant sur un des nombreux coffres.

D'un cri particulièrement aigu, et d'un bond prodigieux, il se retrouva à l'opposé de la créature, aussi loin qu'il put, n'ayant que faire de se cogner contre les objets. Les larmes aux yeux, il tenta de se ressaisir, tant bien que mal, et de reprendre ses esprits. Une clé. Il lui fallait la clé de cette fichue porte pour échapper à cette horrible bête qui était restée immobile à le fixer.

Tout tremblant, Ki-Ja, observant l'arachnopode du coin de l’œil, entreprit de fouiller prudemment le bazar de cet endroit.

♦ Alors qu'il soulevait un tissu incroyablement poussiéreux, Ki-Ja entendit un tintement salvateur. La joie inscrite sur son visage, il vit la clé argentée quelques mètres plus loin, derrière quelques vases en en terre cuite... Et la toile magnifiquement ouvragée de l'araignée monstrueuse.

Les dents serrées, le jeune homme ne put que penser que le sort s'acharnait sur lui, jouant avec ses sentiments. Ces trois pas étaient, en soi, fort simples à réaliser, mais l'entomophobie le bloquait à la vue de la créature. Mais il ne voulait pas mourir de faim ici !

Empoignant son courage à deux mains, il saisit une canne ébréchée par terre près de lui, et, les yeux mi-clos, écarta les fils, tendant dans le même temps sa main griffue afin de saisir sa seule chance de salut.

♦ Son courage avait payé, et c'était les larmes aux yeux que Ki-Ja tomba presque dans une grande salle entièrement vide. Le noir était complet, mais heureusement il avait pensé à prendre avec lui la lanterne, ce qui lui permit de bien en voir la constitution. Ses griffes raclait sur ce qui semblait être du marbre.

Ni porte, ni fenêtre en vue, et le jeune homme s'adossa à un mur pour réfléchir. Au moins il n'y avait pas d'insectes. Après quelques minutes de réflexion, il décida d'inspecter à tâtons les parois. On ne sait jamais, après tout.

♦ Rien. Strictement rien. Seulement du marbre beaucoup trop lisse. Ki-Ja ressentait le besoin urgent de sortir d'ici, mais par une série de respirations profondes, il calma ses nerfs. Il restait deux choses à inspecter avant de réellement paniquer.

Le jeune homme se baissa rapidement et commença à examiner le sol dallé, à la recherche d'un éventuel passage.

♦ Ki-Ja fit une petite moue en découvrant ce message illisible. Porte ? Nuit ? Il n'avait trouvé aucune entrée dans les murs, mais peut-être que... Sans être véritablement sûr de son action, et appréhendant ce qui allait se passer, le jeune homme éteignit  la lanterne, et revint tâter les cloisons de la salle.