Le calme avant la tempête [Morghhur, Kamyu, Eleïssen] (violent)

Des cris résonnaient de plus en plus fort devant lui. Les villageois se dirigeaient tous vers une petite place et Morghhur entreprit de s'y rendre également. Cela devait mener jusqu'à ses amies.

En route, quelques hommes armés de couteaux de cuisine, de tisons ou d'autre armes improvisées le dévisagèrent un instant en se demandant surement s'ils devaient également se jeter sur lui et finir ce qui avait été commencé.

Morghhur soutint leurs regards et plaça sa main sur le pommeau de la lame en argent qui se trouvait dans son dos.

Reculez pauvre idiots ! Qu'est-ce que vous comptez faire avec ces épingles ? Si je sors mon épée, je vous tuerai tous jusqu'au dernier, c'est clair ? Vous nous avez torturés pourtant je vous laisse une chance, partez d'ici avant que je ne change d'avis.

La plupart étant de jeunes gens, ils se ramassèrent un peu sur eux même puis, un des adolescents qui se tenaient devant les autres se sentit l'âme d'un vengeur. Il empoigna une large barre de fer, qu'il avait surement dû voler dans l'atelier du forgeron du village, et se rua sur Morghhur.
Le combat fut bref, le garçon inexpérimenté se jeta simplement en levant les bras.
L'homme loup pivota et dégaina son arme. Passant sur le côté de son adversaire , il fit un demi tour pour se retrouver face au dos de ce dernier.
La lame s’abattit d'un mouvement sec et puissant.
La colonne vertébrale émit une petite résistance au début puis la lame trancha également dans l'os, libérant une humeur blanchâtre qui se mêla au flux de sang qui dégoulinait de l'ouverture béante qui était maintenant un chemin reliant l'épaule droite du jeune homme à sa hanche gauche.
La carcasse fraîche chuta au sol avec un bruit sourd et Morghhur se retourna dans la direction de la bande.
Il vit l'horreur dans les yeux des autres habitants et compris qu'ils n'attaqueraient pas.
Il rengaina son arme après l'avoir essuyée sur la chemise de sa victime puis repris son chemin en direction du lieu ou se rassemblait les gens.

Le frisson du combat lui avait rendu quelque forces et il avançait un peu plus rapidement que précédemment.Il entendit un étrange cri et ce qu'il vit en tournant au coin de la place le glaça.
Des cadavres jonchaient les rues devant Eleïssen. Ils avaient les traits déformés par la douleur et pourtant, aucune trace d'arme n'ornait les corps des personnes qui avait succombé.

Ce qui lui fit vraiment froid dans le dos, c'était l'énorme loup blanc qui se tenait devant Eleïssen. Ce dernier regardait la jeune yokaï et il pouvait d'un instant à l'autre la déchiqueter.
Pourtant il n'en fit rien. Même si personne n'aurait pu l'empêcher de tuer la pauvre créature agenouillée devant elle, le loup leva simplement la tête pour plonger ses yeux dans ceux de Morghhur.

Il s'agissait d'un regard froid et calme, tout à fait différent de tout ceux qu'il avait pu voir jusqu'à présent.
La bête leva une patte qu'elle garda pendant un instant suspendu en l'air puis la seconde d'après, elle se lançait dans une course effrénée vers la sortie du village.
Morghhur savait bien que dans cet état il n'avait aucune chance de rattraper l'animal et il avança jusqu’à la Yokaï pour s'enquérir de son état.

Eleïssen ? Que c'est-il passé ? Vous avez finalement battu les villageois ? Comment avez-vous pu en tuer autant à deux ? C'est cet étrange loup qui vous a aidé ? Et d'ailleurs où est Kamyu ? Tu l'as laissé en lieu sû... eh mais attend, tu es blessée ! Laisse moi te porter jusqu'à cette maison là bas. Eh, ne ferme pas les yeux ! Tu entends ce que je dis ? Réagis bordel !

Morghhur la porta ainsi jusqu’à une habitation proche. Les propriétaires n'étaient de toute évidence pas là et il put l'allonger sur un lit. Il récupéra des vêtements dans une armoire et les utilisa pour faire des sorte de bandages de fortune pour la Yokaï. Il ne savait pas vraiment soigner quelqu'un mais il avait pu voir comment avait fait son amie sur lui même. Le fait de serrer quelque chose sur une blessure ouverte pouvait apparemment empêcher le saignement. C'était pour le moment tout ce qu'il pouvait faire et il sortit en trombe de la maison pour retrouver la deuxième aventurière qui constituait le groupe avant l'attaque.

"KAMYU ? KAAAAAAAAMYUUUUUUUUU ????  TU M'ENTENDS ?"

Alors que Morghhur criait de plus belle pour attirer l'attention de la fillette, il entendit un bruit familier.
Le battement d'ailes se fit plus intense alors qu'il vit le compagnon de Kamyu se diriger vers lui.

"Oh, tu es Kazemi c'est bien ça ? Et où est ta maîtresse ?"

L'oiseau étrange ne lui porta pas de réelle attention, il se dirigea directement vers le sol puis resta à un même endroit.
Morghhur s'approcha, puis un reflet métallique attira son regard. Il provenait d'une faux posée à même le sol. A côté il pouvait voir l'étrange petit sac dans lequel Kamyu portait ses affaires.

"Son équipement est ici, comment ce fait il que ... qu'est ce que c'est que ça ?

Oh ... ça c'est impossible!  Ça serait elle ?

Ces derniers mots avaient été prononcés après qu'il ait remarqué une empreinte de pas étrange. Il s'agissait pour la moitié d'une trace d'un pied minuscule : celui d'une jeune fille par exemple. La deuxième moitié mutait et se terminait par une série de griffes telle qu'il avait pu déjà en voir souvent .... une patte de loup.

Il regarda plus attentivement alentour puis aperçut le lézard d'Eleïssen par terre. Il était quasiment tranché en deux. La trace n'avait pas été causé par une fourche ni un couteau émoussé. Il s'agissait d'un coup puissant et sûr, porté par une arme bien aiguisée. Il porta de nouveau son regard sur la faux puis resta silencieux alors qu'il comprenait ce qui s'était passé.

La fillette avait massacré les habitants avant de s'en prendre à Eleïssen et son animal. S'il n'était pas arrivé avant, peut être que le loup n'aurait jamais été dérangé et aurait fini la besogne qu'avait commencé sa deuxième personnalité : tuer son amie.

Il serra son poing et regarda l'oiseau avant de ramasser délicatement le petit lézard et les possessions de Kamyu.

"Allez petit piaf, tu ferais mieux de me suivre pour l'instant, on dirait que ta maîtresse s'est fait la malle."

Il rangea toutes les affaires dans son propre sac et retourna auprès du chevet de la blessée. Elle se reposait maintenant.
Morghhur s'assit sur le lit à côté d'elle puis tira les couvertures sur elle. Il vérifia le sac de la Yokaï puis rangea le tout soigneusement près d'elle.
Quand il fut sûr que personne ne revenait dans la maison, il se mit en quête de trouver de quoi écrire un mot à l'intention de la Yokaï. Il tomba rapidement sur un morceau de parchemin et une sorte de matière noire qui devait marquer le papier.

Eleïssen, après t'avoir trouvée au milieu du village, je t'ai ramené dans cette maison. Je te laisse les bandages que tu m'avait donné pour que tu te soignes en attendant de pouvoir faire mieux. Je suis désolé de ne pas pouvoir le faire moi même mais cela ne ferait que gâcher ces précieuses bandes. Niri était dehors, je vais, avant de partir, lui donner une sépulture décente. J'ai remarqué une petite clairière en sortant du village par le côté opposé à celui d'où nous sommes arrivé. Je pense qu'il s'agira d'un lieu paisible pour elle. Je pars à la recherche de Kamyu ... Je crois qu'elle est responsable de tout ça. Je dois la retrouver et savoir pourquoi elle a fait ça. Désolé de t'abandonner encore une fois mais je reviendrai une fois que j'aurai obtenu des réponses. Prends soin de toi !
Morghhur.

Il posa le tout sur le petit meuble à côté du lit puis sortit de la maison. Il se mit en route rapidement, sans même tenir compte des bleus qui ornaient sa peau. Il allait traquer la meurtrière et une fois qu'il l'aurait trouvée, il lui arracherai les réponses s'il fallait. Son sang bouillonnait de colère et il avait envie de se venger sur le volatile qui le suivait docilement. Il se maîtrisa rapidement. L'animal n'y était pour rien. Sa propriétaire en revanche ...

Peut être aurait-il bientôt du sang de Yokaï sur les mains.