Le voyage recommence.

Moi, Miu et Derrath avancions à travers la forêt, guidés par mon odorat, après de longue minutes de marche, j'ai pu entendre le clapotis habituel d'une rivière : Mes sens ne m'avaient donc pas trompé, j'ai accéléré d'un cran en lançant à mon compagnon de route.

"On approche du but, ce midi, c'est festin !"

Je suis finalement arrivé en face du cour d'eau, calme, limpide, cristallin même, je voyais à l'intérieur cette rivière s'agiter des reflets rosés, argentés, bleutés. Je me suis approché et ai observé de plus près, ces poissons ne valaient pas ceux du marché de Trèv'Hulg, mais devaient être assez nourrissant pour nous trois. J'attendais le bon moment avant de plonger d'un coup ses ma main dans l'eau, mais ma prise n'a rien rencontré, j'ai bien dû m'y reprendre à cinq ou six fois avant que je ne puisse sentir mes griffes transpercer la chair mince d'une prise. J'ai sortit ma main de l'eau, observant ma proie, un saumon, il m'a semblé, un poil plus court que m'on avant-bras, j'ai renforcé mon étreinte pour abréger ses souffrances, avant de dire d'un air amusé.

"C'est pas de la grande gastronomie, mais au moins, la nourriture ne manque pas."

J'ai sortit de la poche de mon pantalon un petit chiffon que j'ai étendu sur le sol, avant d'y poser ma prise recommencer mes tentatives de pêche.

Après quelques minutes de marche, nous pouvions entendre le bruit d'eau qui coule de la rivière. Skorian s'exclama :

"On approche du but, ce midi, c'est festin !"

Nous arrivâmes ensuite en face de la rivière. J'en profitai pour m'abreuver, pendant de Skorian tentait apparemment d'attraper des poissons. Après plusieurs tentatives il réussit finalement à en attraper un. Il ria et dit :

"C'est pas de la grande gastronomie, mais au moins, la nourriture ne manque pas."

Il posa ensuite le poisson sur un tissu et retourna à la rivière pour pêcher.

"Attends, je vais te donner un coup de main... Enfin je vais essayer !"

Je plongeai mes bras dans l'eau fraîche de la rivière et vis plusieurs poisson arriver vers moi. Je resserrai mes mains autour de leurs corps, mais leurs écailles les rendaient la tâche difficile, ils étaient beaucoup trop glissants.
A un moment donné, je réussis à en attraper un, mais il se débattait tellement que l'on aurait dit que je jonglais avec. Finalement, en voulant l'attraper, il me glissa des mains, et vola directement sur le tissu, rejoignant l'autre prise de Skorian.
Derath apparut soudain de derrière les arbres, je n'avais même pas remarqué qu'il était parti chasser de son côté tellement j'étais fixée sur le fait d'attraper des poissons.
Il s'était assis sagement, nous regardant Skorian et moi entrain de galérer à attraper nos poissons. Si Derath n'était pas un fauve, j'aurais pensé qu'il était entrain de se moquer de nous. A un moment, il plongea une de ses pattes dans l'eau et en ressortit un gros poisson, solidement accroché à ses griffes, puis le jeta au sol, comme s'il voulait nous montrer comment attraper un poisson.
Décidément, il se moquait bel et bien de nous.
Au bout de quelques minutes, nous avions décrété que nous avions assez de poissons pour nous rassasier. Nous avons donc préparé un petit feu, découpé la tête et la queue de chaque poisson, et les avons mis à griller.
Une fois assez cuit, j'en pris un et commençai à le manger.
Je décidai d'entamer la conversation :

"Dis-moi, comment c'est Trèv'Hulg ? La fois où j'y suis allée, c'était il y a plusieurs mois, et la ville s'était fait attaquer par des dragons. Autant dire que j'ai pas eu de chance. Regarde ça !"

Je soulevai une partie de ma cape et lui montrai mon bras gauche, avec la moitié de ma manche déchirée et mon énorme cicatrice.

Il me répondit, en entamant à son tour un poisson :

"Bah, c'est agité, il y a toujours un truc intéressant à voir, et, la ville a l'air d'être guérie de cette attaque de....dragons ? Enfin bref. Sinon, t'es une ange toi aussi ? Je me posais la question parce que tes ailes sont étranges. On dirait presque des ailes de corneille, c'est marrant."

Il avait l'air surpris que je parle de dragons... Depuis quand vivait-il à Trèv'Hulg pour ne pas être au courant de l'attaque ?
Et il me prenait pour un ange ? Il fallait que je rectifie ça ! Néanmoins, je ne pris pas la peine de manifester un quelconque mécontentement, il avait vécu parmi des humains, il ne devait pas avoir entendu parler de Yokaï...
J'enlevai ma cape et déployai brusquement mes ailes, ce qui fit sursauter Derath.

"Les ailes des anges sont toutes blanches. Pando était la seule exception que j'ai pu voir jusqu'ici. Moi, je suis une Yokaï, et c'est pour cela que nous avons été attaqués Tisei, Pando et moi. Les anges n'aiment pas les démons ni les Yokaï, et Pando s'est rangée de notre côté.

Je repliai mes ailes et remis ma cape par-dessus. Je finis de manger mon poisson, avant de reprendre la conversation.

"Au fait, tu avais l'air surpris que je parle de dragons, tu n'étais pas à Trèv'Hulg lors de l'attaque ?

Il me répondit :

"En fait, non, pour être franc, ça faisait à peine quelques semaines que j'y vivais, et personne ne m'en a vraiment parlé."

Pourtant, à l'entendre, j'aurais juré qu'il y vivait depuis plusieurs mois, voire plusieurs années. Cela m'étonnait beaucoup qu'il y vive depuis si peu de temps.
Il reprit :

"Je vivais avec un tailleur qui m'a enseigné son art, même si je ne suis encore qu'un apprenti à ce sujet, mais je compte bien redoubler d'efforts...... Si je rentre un jour à Trèv'Hulg."

Ses écailles pâlirent d'un coup. Il devait être triste, je pense. Je ne peux pas savoir ce que ça fait puisque je ne me suis jamais fixée à un seul et même endroit. Je suppose que le sentiment de ne plus être chez soi est un peu le même que quand on se sépare de ses amis...
Il avait vraiment l'air de tenir à cette ville, le problème, c'est que je n'ai strictement aucune notion géographique ; si je ne sais même pas où nous sommes actuellement, il va être difficile de retourner à Trèv'Hulg.
Je soupirai puis dit :

"Je suis désolée de devoir te dire ça, mais ma connaissance de Trèv'Hulg se limite à une visite, et je ne sais pas où nous sommes. Je n'ai donc aucune idée d'où aller pour retrouver la ville, le seul moyen de le savoir serait d'avoir une carte ou quelque chose comme ça, mais il faudrait retourner dans une ville pour en avoir une.

Cette idée ne m'enchantait pas vraiment, maintenant que la majorité de la population des anges voulait nous faire la peau, et qu'en plus, notre groupe était affaibli depuis que Tisei et Pando étaient partis de leur côté.
Je ne savais pas si j'étais prête à me sacrifier de la sorte juste pour une carte, il faudrait vraiment une raison qui vaille vraiment le coup pour y retourner, et à l'heure actuelle, il n'y avait aucune raison pour moi d'y retourner.

Il semblait attristé par ma réponse. Cela ne me plaisait pas vraiment d'avoir réduit ses espoirs à néant, mais je préférais être franche avec lui.


"Bon, autant que j'arrête de me lamenter alors, cela ne nous fera pas avancer, et puis, tant que j'y suis, autant vivre d'aventure, de voyage."

Ah, je crois que je lui ai définitivement fait abandonner tout espoir de rentrer chez lui. Je ne pensais pas ça totalement impossible, mais vu les circonstances, ce serait plutôt difficile. Et puis, son but et le mien n'étaient pas si éloignés... Moi je veux juste partir de cet endroit plein d'anges malveillants et vivre une vie tranquille, là où personne ne sait ce que j'ai commis des atrocités.
Les écailles de Skorian changèrent de couleur, puis il rit son pendentif dans ses mains :

"Et puis, ça me permettra peut être d'en apprendre un peu plus sur cet objet."

Voyant que j'essayais de voir de quoi il s'agissait, il me le tendis pour que je le vois de plus près.

"Cette chose me suit depuis ma naissance, mais je n'ai aucune idée de son origine, peut être que voyager me permettra de dévoiler ses secrets."

Cela me rappelait aussi le petit bâton orné d'une pierre que je transportais depuis ma naissance, auquel je n'avais jamais trouvé d'utilité.
Je l'extirpai de ma ceinture et lui montrai :

"Moi aussi j'ai un objet mystérieux qui me suit depuis ma naissance ! Je ne sais pas à quoi il sert, mais je me dis que je le saurai forcément un jour ou l'autre !"

Skorian fixa mon bâton pendant de longues minutes, puis se releva, et dit :

"Les anges n'ont pas l'air de nous avoir suivi, ça fait déjà une bonne nouvelle, espérons que ça dure, mais, juste pour savoir, où comptes-tu aller pour l'instant ? Dans une autre région assez éloignée du village pour qu'on soit tranquilles ?"

Il regarda la rivière un instant, puis remangea son poisson, et dit :

"En tout cas, je crois que suivre cette rivière n'est pas une mauvaise idée."

Je regardai à mon tour la rivière. Il avait raison, rester près de la rivière nous assurait que l'on pouvait boire et manger dès que l'on avait besoin.
Je hochai la tête et dit :

"D'accord, je te suis. J'espère qu'on s'éloignera le plus possible d'ici, c'est mon objectif pour l'instant. J'en ai vraiment marre de me faire attaquer de tous les côtés ! En plus, maintenant qu'on a deux personnes en moins dans le groupe, il serait plus difficile de nous défendre.

Après avoir fini notre repas, nous nous mîmes en route, en suivant le cours d'eau. C'était calme, pour une fois. Il faisait plutôt chaud, mais les arbres de la forêt nous offrait de l'ombre, et puis nous pouvions nous rafraîchir à la rivière si on le voulait.
Nous marchions depuis plusieurs heures, en nous arrêtant de temps à autre pour boire.
Au bout d'un moment, la forêt se faisait de moins en moins dense, jusqu'à que nous en sortions complètement.
Le soleil était haut et tapait assez fort, ce n'était pas très agréable, puisque maintenant, nous ne pouvions plus aller à l'ombre. Je pressai le pas, afin de trouver plus vite un endroit pour nous mettre à l'ombre.
Heureusement, après un moment de marche, nous arrivions enfin à apercevoir une ville au loin.
Je m'arrêtai et me tournai vers Skorian :

"On tente le coup ? Avec un peu de chance, je ne suis pas encore recherchée dans cette ville."

Skorian répondit à cette dernière remarque :

"Il y a peu de chance que les nouvelles se répandent si vite, ils ne devraient normalement pas savoir ce qui s'est passé dans l'autre village, plus qu'à espérer que mon apparence ne soit pas suspecte."

Il est bien confiant pour quelqu'un qui venait d'arriver dans le coin. Moi, j'avais vu à quelle vitesse vont les nouvelles, ici. En plus, lui, il n'était au courant que de ce qui s'était passé au village, et pas ce qui s'était passé dans la forêt. Il croyait sûrement qu'étant donné que nous avions vaincu les habitants, personne n'allait prévenir, mais je suis sûre qu'ils sont assez fourbes pour avoir prévu le coup et qu'ils ont prévenu tout le monde autour.

"Et puis, je préfère ne pas savoir quel genre de bête rôde dans ces plaines la nuit."

Je répondis en riant :

"Oh tu sais, toute ma vie j'ai dormi dehors et je suis encore en un seul morceau ! Les humanoïdes sont bien plus dangereux que les animaux. Un animal, si tu ne l'embêtes pas, il ne t'embête pas. Un humanoïde, peut importe si tu l'embêtes ou pas, il veut te faire la peau. J'ai plus peur des anges que des loups, vois-tu."

Cela se voyait que Skorian était un citadin, il avait peur de dormir en forêt alors qu'on y était plus en sécurité que dans un village, au vu des circonstances.
Plus nous avancions vers la ville, plus mon cœur battait vite. J'étais persuadée que cette ville était aussi au courant, et en plus, nous n'étions pas un trio discret : une fille avec des cheveux rouges, un homme reptile et un fauve...
Finalement, nous y entrâmes : elle ressemblait un peu au village où nous étions tout à l'heure, mais en plus grand et plus joli.
Les gens ne semblaient pas vraiment nous regarder, ils marchaient vite. J'ai l'impression que c'est un truc de gens de ville, ça, de marcher vite. A Trèv'Hulg aussi les gens faisaient ça. Mais au moins tant mieux, ils ne nous regardaient pas, c'était une bonne nouvelle pour nous !
Je remarquai que dans cette ville, il y avait des feuilles accrochées sur les mur, avec des dessins de personnes, avec un montant écrit en dessous, et en gros écrit « Recherché, mort ou vif ».
Un très bel accueil, en somme. En marchant, je ne pouvais plus détacher mon regard de ces affiches, je devais voir si nous y figurions.
A un moment, trois affiches placardées à la suite attirèrent mon attention. En lisant la description des personnes dessinées, mes doutes se confirmèrent. Je regardai autour de moi pour voir si quelqu'un me regardait, et j'arrachai les trois affiches du mur.
Je donnai un discret coup de coude à Skorian et dit :

"Regarde, toi qui ne me croyait pas. Ils sont prévenus ici aussi ! Mais bon, ça va, les dessins sont pas du tout ressemblants donc on ne nous reconnaîtra pas tout de suite !

J'essayais de rire de la situation, mais je ne trouvais pas ça très drôle en réalité...

Skorian, répondit d'un air nerveux :

"Finalement, je crois que t'a raison, il vaut mieux faire demi-tour, je crois que je préfère encore les loups aux anges."

Il tourna les talons et se mit à marcher plutôt vite, en vérifiant que je le suivais bien. Qu'il ne s'inquiète pas, j'avais très envie de partir, et je ne risquais pas de perdre mon chemin.
Le problème était de savoir où on allait maintenant, parce que c'est bien de partir mais si on ne trouve toujours aucun endroit pour nous renseigner sans risquer de se faire tuer, on ne va pas quitter cet endroit de malheur de si tôt.
Enfin, c'est vrai que j'aurais dû me taire à propos des affiches si je voulais me renseigner avant de partir, mais bon, je ne préférais pas prendre de risques, d'autant plus que je ne savais pas si ma plaie avait cicatrisé ou non.
Nous sortîmes finalement de la ville, et nous éloignâmes un peu de celle-ci.
Je dis à Skorian :

"Bon, là on est coincés, j'ai l'impression. Pour quitter cet endroit, il nous faut des renseignements, mais ces renseignements sont impossibles à obtenir au vu de notre statut ici. J'ai l'impression qu'on va devoir aller de ville en ville jusqu'à que l'on puisse trouver.

Je me tus un instant, puis continuai :

"En fait quand j'y pense, c'est un peu à cause de moi que tu ne peux pas rentrer chez toi. Parce que si on va en ville, on peut se faire tous les deux attaquer à tout moment parce que ma tête est mise à prix et que tu es de mon côté, ou sinon on doit rester à errer ici parce qu'on ne peut pas aller en ville. Franchement je suis désolée.

Je me mis à avancer dans une direction au hasard, en espérant trouver un endroit pour nous mettre en sécurité.

Nous avons fini par réussir à quitter la ville, après s'être suffisamment éloignée, Miu a pris la parole.

"Bon, là on est coincés, j'ai l'impression. Pour quitter cet endroit, il nous faut des renseignements, mais ces renseignements sont impossibles à obtenir au vu de notre statut ici. J'ai l'impression qu'on va devoir aller de ville en ville jusqu'à que l'on puisse trouver.En fait quand j'y pense, c'est un peu à cause de moi que tu ne peux pas rentrer chez toi. Parce que si on va en ville, on peut se faire tous les deux attaquer à tout moment parce que ma tête est mise à prix et que tu es de mon côté, ou sinon on doit rester à errer ici parce qu'on ne peut pas aller en ville. Franchement je suis désolée."

Elle semblait honteuse d'elle, et arborait une moue triste, je lui ai répondu.

"Tu n'a pas à être désolée, ce n'est pas votre faute si je me suis retrouvé ici, si ses anges vous ont agressé et obligé à vous défendre, et puis, je crois que même sans vous rencontrer le voyage se serait avéré difficile : Aucune idée d'où j'étais, pas d'argent pour prendre un bateau, et je me crois pas vraiment capable de parcourir ce continent seul."

J'ai observé un instant la plaine tout autours de moi puis ai repris.

"Au final, autant me laisser porter par le vent, voir où il me mènera, et si un jour je retrouve Trèv'Hulg, j'aurais la satisfaction de n'être partit de presque rien. Hmmmm, il commence à se faire tard, on devrais continuer, histoire d'être arrivés dans la forêt à la tombée de la nuit. Ah, et, au fait, merci d'avoir accepté que je t'accompagne.[/i]

Skorian me répondit de façon très gentille :

"Tu n'a pas à être désolée, ce n'est pas votre faute si je me suis retrouvé ici, si ces anges vous ont agressés et obligés à vous défendre, et puis, je crois que même sans vous rencontrer le voyage se serait avéré difficile : Aucune idée d'où j'étais, pas d'argent pour prendre un bateau, et je me crois pas vraiment capable de parcourir ce continent seul."

Je souris légèrement. Il ne m'en voulait pas, cela me rassurait. Je me voyais mal faire la route avec quelqu'un qui m'en voulait, et avec qui je me sentirais toujours coupable...
Skorian regarda un peu autour, puis déclara :

"Au final, autant me laisser porter par le vent, voir où il me mènera, et si un jour je retrouve Trèv'Hulg, j'aurais la satisfaction de n'être parti de presque rien. Hmmmm, il commence à se faire tard, on devrait continuer, histoire d'être arrivés dans la forêt à la tombée de la nuit. Ah, et, au fait, merci d'avoir accepté que je t'accompagne.

Nous commençâmes à retourner sur nos pas pour retourner à la forêt, puis je lui répondis :

"J'espère pour toi que tu pourras rentrer chez toi, ça doit être difficile de se trouver dans l'inconnu lorsqu'on a toujours eu un repère. Mais bon c'est vrai qu'une fois dedans, t'as pas le choix, tu voyages. Et de rien, au fait. Moi j'ai l'habitude de errer n'importe où, autant que ça te soit utile.

Je marquai un silence, avant de rajouter, en riant :

"Et puis je te voyais mal rester avec Tisei."

Après ça, nous continuions notre marche, en retrouvant la rivière que l'on avait suivi pour arriver ici. Le soleil descendait petit à petit dans le ciel, mais nous étions arrivés au début de la forêt avant que le soleil ne se soit couché. Heureusement, car nous devions manger et trouver de quoi faire un feu.

"Bon, on devrait peut-être rester là jusqu'à demain matin, ce serait préférable... Il faut qu'on mange et qu'on fasse un feu, aussi. Du coup, je vais m'éloigner un peu le temps de trouver de quoi faire du feu.

J'essayai de me dépêcher pour trouver des pierres, des feuilles mortes et du bois. Mais comme j'avais l'habitude, cela me prenait de moins en moins de temps pour rassembler tout le nécessaire. Derath était venu avec moi, mais il s'était éloigné pour chasser des petits mammifères, alors je
revins à l'endroit prévu avant qu'il ne termine.
Skorian était entrain de pêcher. Je préparai le feu, et, comme j'avais pris beaucoup de brindilles avec moi, j'en éparpillai autour du campement comme l'avait fait Tisei auparavant.
J'essayai d'aider Skorian à pêcher d'autres poissons, en vain. Contrairement à Skorian et Derath, moi je n'avais que de simples ongles, donc impossible d'agripper quoi que ce soit avec.
Finalement, Skorian avait fini par attraper assez de poisson pour notre repas.
Derath revint de sa chasse et s'endormit au coin du feu pendant que nous faisions griller les poissons.
Je finis par dire à Skorian :

"Normalement, personne n'ira s'aventurer en forêt en pleine nuit, mais on ne sait jamais, il faut quand même rester prudents. Bon, je dis ça mais toi, si c'est ta première nuit en forêt, tu seras sûrement plus attentif que moi aux bruits suspects, non ?

Skorian me répondit :

"Je crois que je pourrais faire le guet une partie de la nuit, je n'ai pas vraiment fait grand chose d'épuisant pour le moment, et puis, entre ce que j'ai pêché de trop, et ce que Derrath a laissé, il reste des provisions qu'on ferait mieux d'essayer de garder, ça nous facilitera la vie."

Il monta dans un arbre pour s'y installer. La dernière fois, j'avais choisi de dormir au sol, mais cette fois-ci, je voulus imiter Skorian et dormir sur un arbre.
Je pris les quelques restes du repas et m'envolai pour atteindre un arbre adjacent à celui de Skorian.
Je déposai les provisions sur une branche voisine à la mienne pour garder un oeil dessus, et faire partir les animaux qui voudraient s'en emparer.
Derath grimpa ensuite l'arbre pour s'allonger auprès de moi. Je posai ma tête contre lui et attendis que le sommeil m'emporte, tout en surveillant les provisions. Je décidai d'ailleurs de mettre ma cape par-dessus celles-ci, afin de les cacher et de les protéger.
Petit à petit, je sombrai dans le sommeil.

Spoiler:

Je rouvris les yeux en sursaut, je tremblais et avait du mal à respirer. Quelques secondes après avoir repris mon souffle, je soupirai en me disant que ce que j'avais vu n'était qu'un cauchemar et rien de plus. C'était quand même assez terrifiant.
Lorsque je regardai aux alentours, il faisait déjà assez clair pour que je distingue ce qu'il y avait autour de moi. J'avais dû dormir un sacré bout de temps alors. Heureusement, les provisions étaient toujours intactes. Derath, lui, dormait paisiblement.
Si c'était pour faire un rêve pareil, j'aurais préféré ne pas m'endormir et surveiller correctement les alentours. Enfin, maintenant c'est ce que j'allais faire puisque je n'arriverai sûrement pas à me rendormir de toute façon.
Je jetai un rapide coup d'oeil vers Skorian pour vérifier s'il était toujours là. Je ne savais pas s'il dormait ou pas, peu m'importait.
Je me plaçai sur une branche un peu plus haute et observai la forêt.


[Ce que j'ai mis en spoiler, c'est le rêve de Miu vu que ça sert un peu à rien dans le rp. Du coup je te laisse le choix de lire ou non .w.]

"Ça va ? Un mauvais rêve j'imagine, je comprend, avec tout ce qui se passe, c'est normal d'avoir un peu peur."

La voix de Skorian me fit sursauter, je ne pensais pas qu'il était déjà réveillé. J'aurais dû prendre le temps de vérifier pour éviter toute surprise.
Ou alors, il dormait et c'était juste moi qui l'avait réveillé. Ce serait bête étant donné que s'endormir en forêt était assez difficile.
Après m'avoir adressé ces mots, il se leva, puis sauta jusqu'à ma branche.

"Mais ne t'inquiètes pas, quoi qu'il arrive, tant que nous serons ensembles, je ferais tout mon possible pour que rien de mal ne nous arrive, je te suis redevable pour tout ce que tu as fait pour moi, et je te protégerais de mon mieux."


Il sourit, puis repartit ensuite sur sa branche et s'allongea pour dormir, comme si rien ne s'était passé.

Cela me rassurait de ne pas être toute seule, et puis je sentais que je pouvais compter sur lui. Je ne serais pas non plus prête à lui faire entièrement confiance, mais il était tout de même un bon camarade.
Je n'arrivais pas à me rendormir, alors je continuais à observer les alentours, à écouter les bruits.
De longues minutes s'écoulèrent jusqu'à que j'entende un bruit suspect à quelques centaines de mètres.
Je descendis discrètement de l'arbre, afin de ne pas être repérée. Je m'approchai lentement, et marchai sur une brindille sans le faire exprès.
Un long silence s'ensuivit, je me dirigeait encore vers l'endroit d'où semblait provenir le bruit, mais je ne vis rien.
Soudain, j'entendis un craquement derrière moi. Je me retournai et n'eut même pas eu le temps de comprendre quoi que ce soit qu'une masse s'abattit sur mon crâne.

Derath s'éveilla doucement, en s'étirant. Il regarda autour de lui : personne. Où étaient passés les deux humanoïdes avec qui il voyageait ? Il s'inquiétait plus particulièrement pour la Yokai, qu'il n'avait jamais quittée jusqu'à maintenant. Il descendit de l'arbre et huma l'air. Il y décela une légère odeur qui ressemblait à celle du Vilnès. Le fauve se déplaça à toute vitesse pour le retrouver, car l'odeur était de plus en plus difficile à déceler, comme si le Vilnès était en mouvement. Au bout d'un petit moment de course, le Vilnès entra dans son champ de vision. Derath arriva à ses côtés sans difficulté, car il courait bien plus vite que lui. Il se plaça devant lui et s'abaissa : si le Vilnès montait sur son dos, ils arriveraient plus vite jusqu'à la Yokai... Encore fallait-il savoir où elle se trouvait.




Une gifle, puis deux... Ce fut la troisième qui me fit revenir à moi.
Quand je rouvris les yeux, je fis face à mon agresseur : un ange plutôt grand et musclé, comme ceux que j'avais pu affronter auparavant. J'observai également l'endroit où je me trouvais : une petite cabane, ou plutôt une maison en bois, avec le strict nécessaire pour une seule personne dedans.
Je me rendis compte que l'agresseur m'avait lié les poings et les pieds pour être sûr que je ne m'enfuis pas. Voyant mon regard hébété, il me dit, avec un rire qui me faisait froid dans le dos :

"Enfin réveillée ! J'ai cru que t'avais clamsé en chemin ! Ç'aurait été dommage, quand même, la prime est plus grosse quand on ramène le criminel vivant.

En regardant plus attentivement, je vis mes armes sur la table, ainsi que mon bâton, ma cape, les avis de recherche et mon argent. Il y avait aussi ma cape posée sur une chaise.
Pour qui se prenait-il à fouiller dans mes affaires, celui-là ? Déjà que les anges sont des sanguinaires, mais en plus ce sont des voleurs ? Et après ils osent nous traiter de criminels, quelle bonne blague.
Voyant où se portait mon regard, il me dit, en riant encore :

"Ah, oui, j'ai un petit peu regardé dans tes affaires. Tu m'en voudras pas, hein ? De toute façon, une fois que je t'aurai vendue aux autorités, tu seras exécutée, donc ces petites affaires ne te servent plus désormais, alors autant que j'en profite.

Mon visage devins rouge de colère. Je faillis lui cracher toutes les insultes de mon répertoire, mais je me suis rappelée qu'il avait mes armes et que moi, j'étais attachée, alors je ne répondis rien.

"Tu me portes vraiment chance en fait. Non seulement je vais remporter le pactole en vendant ta tête et tes affaires, mais en plus j'ai découvert que tu avais des copains qui étaient dans le coup avec toi ? dit-il en me montrant les avis de recherche de Tisei et Pando.

"Du coup, j'ai plus qu'à attendre qu'ils viennent te chercher, et c'est bon ! Trois pour le prix d'un, c'est pas génial, ça ? Et t'inquiètes pas, je me suis permis de semer quelques indices pour qu'ils te trouvent, comme des morceaux de ton torchon qui te servait de cape, par exemple ! Il rit de plus belle avec sa voix froide et rauque.

Son arrogance m'énervait vraiment. Je fus sur le point de lui dire sèchement qu'il était inutile d'espérer revoir Pando ou Tisei, mais j'eus une autre idée. J'allais plutôt lui faire croire qu'ils arriveraient, ce qui me laisserait du temps pour trouver comment me sortir de là. Parce que si cet ange sait qu'il n'aura ni Tisei ni Pando, il n'attendra pas longtemps pour m'envoyer chez les anges, et je préférais autant éviter que mon cauchemar devienne réel. Je me préparai donc à jouer la comédie. Ça avait plutôt bien marché chez le vieux, alors autant essayer avec lui.
Je pris une expression déterminée, et fit semblant que j'étais sûre de moi, et exagérai même sur certains moments   :

"Tu ne devrais pas être aussi pressé de les rencontrer... S'ils te trouvent ici, t'es un homme mort. Ils ne te laisseront aucune chance. Eux, contrairement à moi, ils n'ont pas de réticence à tuer. Ils n'hésiterons pas 3 secondes. Si c'est l'homme qui cherche à te faire la peau, prépare-toi à finir en bouillie. Il t'écrasera et explosera le moindre de tes os. Si c'est la fille, tu mourras lentement, elle te laissera te vider de ton sang. T'es toujours sûr de toi ?

Évidemment qu'il était sûr de lui, il est trop bête pour voir la vérité en face. Mais au moins je gagnais du temps à lui parler de la sorte, c'était toujours ça de pris.

"Ah oui, je suis sûr de mon coup. J'ai hâte de les rencontrer.

Il se posa sur sa chaise en fixant la fenêtre.
De mon côté, je me demandais ce que faisaient Derath et Skorian. Dormaient-ils encore ? S'étaient-ils aperçus de mon absence ? En tout cas, j'espérais qu'ils allaient bien de leur côté.
J'étais partagée entre le fait de vouloir qu'ils me sortent d'ici, et le fait qu'ils devraient s'enfuir pour rester en vie...

De longues heures s'écoulèrent das un silence total, ou presque. L'ange marmonnait parfois tout bas, car il s'impatientait à l'idée que quelqu'un vienne me chercher, et faisait les cent pas. En attendant, moi, je n'arrivais toujours pas à trouver une stratégie pour sortir. En lui mentant, je n'avais fait que retarder l'heure de ma mort, mais je n'étais pas sûre que ce fut très utile... J'étais toujours là, ficelée comme un vulgaire rôti, et j'avais de plus en plus faim et soif.
Depuis tout ce temps, je regardais la fenêtre, en espérant repartir vivante de cette cabane. Soudain, je vis comme une ombre qui passa rapidement devant la fenêtre. Peut-être était-ce un animal ? Ou alors une personne ?
Dans tous les cas, je n'avais pas intérêt à en informer l'ange. Quelques secondes plus tard, quelque chose frappa la porte. L'ange s'arrêta soudain. Un grand sourire éclaira son visage.
Il s'exclama en riant :

"Ah, ça doit être tes preux chevaliers qui viennent demander leur chemin car ils se sont perdus, ne bouge pas, Ahah !"

Il se dirigeait d'un pas vif vers la porte, les yeux brillant d'excitation. Il ouvrit celle-ci, mais quelle ne fut pas sa surprise quand il ne vit personne derrière.
Il soupira, déçu :

"Mon imagination doit me jouer des tours."

La mienne aussi alors. Mais je ne pense pas avoir halluciné. J'eus soudain l'espoir que Skorian était venu me chercher ; auquel cas je lui serais redevable à vie.
Mes espoirs se confirmèrent quand je vis la queue de Skorian s'enrouler autour du cou de l'ange, et Derath qui bondit sur ce dernier. Skorian me détacha.
J'avais encore l'air hébété lorsque que je me relevai. Moi qui n'avait plus aucun espoir de survie, me voilà debout, devant le corps inanimé de mon agresseur, avec Skorian et Derath à mes côtés.

"Ne t'inquiète pas, tout va bien, il ne nous causera plus de tort."

Je me tournai vers Skorian, avec un grand sourire sur le visage. Ça me faisait bizarre de sourire autant, ça m'était rarement arrivé.

"Merci, Skorian. Honnêtement, j'ai cru que j'allais y passer cette fois-ci, mais grâce à Derath et toi, je n'ai rien eu, merci. Je suis désolée de t'avoir fait parcourir toute cette route, je serai plus prudente la prochaine fois."

Je récupérai mes affaires, et mon argent dans un état plus ou moins bon.

"Bon, maintenant qu'on est ici, tu devrais prendre une pause, tu le mérites bien !"