Que de salles... (Quête de Kamyu)

Je m'étais endormie dans un bosquet, alors que je traversais une longue forêt et que mes vivres commençaient à sérieusement s'amenuiser. Je songeais à trouver de quoi manger, aussi bien pour moi que pour Kazemi, la jeune phénix qui m'accompagnait. Si je n'avais pas trouvé d'intérêt à manger, il semblerait que nos corps ne voulaient pas faire sans, et Kazemi insiste à chaque fois.. Inconsciemment, je me frotta la tête à l'endroit où, habituellement, elle me donnait des coups de bec en insistant pour que j'avale quelque chose. N'étais-je pas endormie ? Fut la question que je me posa en sentant effectivement quelque chose se poser sur ma tête. J'ouvris les yeux et me leva. Tout autour de moi.. L'atmosphère avait changé. Malgré tout, rien ne semblait avoir changé autour de moi, si je me fiais uniquement à cet étrange sens que je possédais... Mes pupilles se dilatèrent pour devenir à peu près rondes, me permettant de m'habituer rapidement à la luminosité des lieux. Tout autour de moi, des murs de pierre formaient une sorte de sphère elliptique. Des torches brûlaient sur les murs, de plus en plus rapidement, me semblait-il. Dans un coin plus humide se trouvait une corde, dans un autre, il me semblais que le sol était moins sale.

- Que faire, Kazemi..? Je ne sais pas où on est..

Je levai les yeux et me rendis compte bien vite de l'absence de ma partenaire, ce qui me rendit un peu triste, je crois.. Je m'étais habituée à sa présence à mes côtés durant ces derniers jours. J'aurais bien voulu prendre une de ces "torches", mais je n'avais rien pour l'éteindre, et étant nus-pieds, je n'avais pas spécialement envie de me blesser avec le feu.. Je me dirigeai donc vers la corde, tirai dessus, attendis.. Et partis inspecter le coin moins poussiéreux, la corde à la main.. Si du moins j'en avais l'occasion avant que quelque chose me tombe dessus.

Une goutte, rien qu'une goutte d'eau. Tu as eu peur... La lumière baisse rapidement, un grondement sourd devient audible... De plus en plus de gouttes tombent.

Une goutte d'eau vint perturber le silence, résonnant contre les parois. Le son, amplifié, me fit sursauter. La luminosité baisse de plus en plus, et quelle que soit ma vision, bientôt, il n'y aura plus assez de lumière pour que je puisse ne serait-ce distinguer les murs de pierre. D'autres gouttes d'eau tombèrent et s'écrasèrent au sol, les unes après les autres. Le sol n'était-il pas étrangement mouillé ? Et quel était ce grondement qui commençait à me parvenir..? Cela ne ressemblait pas au grondement d'un animal. Alors, quoi..? Le son me forçait à rester aux aguets plus que je le devrait, puisant vicieusement dans mes forces, je le sentais, même un petit peu.. Une chose était sure, je ne devais pas rester là. Par où aller ? Le coin humide de la pièce me paraissait de moins accueillant. Peut-être y avait-il un passage que je n'avais pas décelé..? Tout autant que l'endroit où atterrissaient les gouttes d'eau, les unes après les autres, cet endroit où mes pas ne soulevaient pas de poussière me paraissait étrange. Y aurait-il eu des passages récents à cet endroit ? J'essayai de pousser le mur, ou au moins de l'examiner d'une autre façon, à la recherche de la moindre trace.. Comprenant que la corde allait me gêner, je l'enroula et la passa autour de mon bras avant de reprendre mon entreprise. Ce bâton m'intriguait également. Parfaitement droit, dénudé de grosses irrégularités.

Les lumières s'éteignirent. Les gouttes d'eau s'étaient transformées en un torrent. Très vite, je sentis l'étau glacé de l'eau se resserrer autour de mes pieds, de mes chevilles. Froid. Une fente, c'est tout ce qu'il y avait ? J'essayai de pousser le mur de toutes mes forces autour de cette fente, mais rien n'y fit. L'eau montait, glaçant ma chair. J'avais froid. Allais-je mourir ainsi ? Sans réussir à sortir de cette fichue salle, ni savoir le pourquoi du comment ? Non..
N'y avait-il rien ici qui puisse m'aider ? Les torches ? Trop grosses, pas assez longues... Ce coin humide aurait dû m'interpeller plus tôt. Je frappai le mur. J'aurais dû me méfier dès le début. C'était trop facile. Pourquoi Kazemi m'avait-elle été remise, avec ces vivres ? Et maintenant, me voilà coincée ici.. Il n'y avait rien, rien dans cette salle qui puisse m'aider maintenant. J'aurais dû aller inspecter ce coin où mes pas ne soulevaient pas de poussière plus rapidement. Maintenant... Qu'est-ce qui avait retenu mon intention, qu'est-ce qui pouvait m'aider ?
Un bâton. Il y avait un bâton quand je suis arrivée ici. Cela pourrait correspondre ! Je me mis à chercher frénétiquement ce bâton un peu partout, jusqu'à ce qu'il bute contre une de mes ailes, flottant ci et là. Je m'en empara rapidement. Je sentais maintenant l'eau autour de ma taille. Pas bon. Je longeai le mur, à la recherche de la fente que j'avais senti plus tôt. La voilà !! Je l'examinai une fois de plus. Non, il n'y avait rien d'anormal dans cette fente. Alors, n'ayant plus grand chose à perdre, j’insérai le bâton dans la fente..

Je tombais. J'avais froid. Et je me sentais.. POisseuse. J'avais échappé de justesse à la mort, dans cette salle. Même mes cornes étaient imprégnées d'eau. Je lécha mes lèvres. Quelque chose de salé.. Quelque chose au goût de rouille. Mes pupilles se réduirent à une mince fente, et c'était sans compter que je ne voyais plus rien. Ici, la lumière régnait en maître, et mes yeux allaient avoir besoin d'un moment pour s'y habituer. Mais ce n'était pas ce à quoi je pensais. Sang. Du sang.. je revis cette scène, une fois de plus. J'étais paralysée. Et je me moquait désormais bien que mes yeux puisse à nouveau voir quelque chose, comme ce ciel bleu qui semblait s'obstiner à me narguer. Sous moi, l'herbe était sèche. Finalement, quand bien même je ne perçut rien de différent, je vis des choses bouger tout autour de moi. J'émis un rire sec. Forcément. L'odeur de sang. Une plaine, et les vestiges d'une forêt pas loin. Sinon, ça aurait été trop facile. A quoi m'attendais-je ? Après avoir failli mourir noyée dans du sang..
Le bâton était là, à côté de moi, et la corde toujours autour de ma taille. Je n'avais pas même mes dagues. Si seulement je pouvais trouver un peu d'eau.. Si je pouvais me débarasser de tout ce sang, alors ces prédateurs devraient arrêter de me traquer ainsi. Ou au moins aurais-je une chance de m'en tirer. Je me dirigeai donc vers les bois, prenant le bâton avec moi, restant sur mes gardes. J'aurais aimé voler et ainsi éviter nombre de prédateurs, mais avec mes Ailes dans cet état, aussi lourdes, je savais que 'jaurais été incapable de me soulever de même un demi-mètre.

Plus un bruit. Tout est mort, ici. Les arbres sont assez grands pour que je n'en voie le sommet, malgré tout, il n'y a pas une feuille, pas un insecte sur ces troncs noirs. Sous mes pieds, se trouvaient non pas des cailloux enfoncés dans un tapis d'humus, mais des os, broyés ou intacts. Certains me blessaient la plante des pieds. Ici, il n'y a plus de grondements, plus de bruits de pas étouffés. Il n'y a plus rien. Au moins n'étais-je plus traquée par ces bêtes.. Cependant, je décidai de suivre mon instinct et de ne baisser ma garde sous aucun prétexte. S'il y a tant d'ossements ici.. Il n'y avait que deux explications possibles, au vu de l'état des os. Ils se sont accumulés là, à force que les bêtes s'entretuent. Mais, si c'était le cas.. Les créatures qui me traquaient ne devraient pas avoir arrêté. Est-ce qu'il y aurait quelque chose ici qui les effraie au point de ne pas vouloir s'en approcher, même pour un si alléchant repas ? Ou y avait-il quelque chose ici qui soit bien plus dangereux que ces hordes de prédateurs..? A choisir, je préférais encore avoir à faire face à un seul ennemi qu'à des centaines de créatures. Je devrais avoir plus de chances de m'en tirer.. Bon sang ! il fallait à tout prix que je trouve de l'eau suffisamment propre pour me débarrasser, ou au moins mes ailes, de tout ce sang ! Le vent soufflait, créant un étrange gémissement, entre les troncs d'arbres. Petit à petit, je sentais le sang sur moi sécher, mes habits durcir, mais surtout mes plumes se coller entre elles. Si au moins je pouvais voler, alors peut-être pourrais-je récupérer un maigre avantage... je décidai de me débarrasser de ma robe, avant qu'elle ne me gêne vraiment dans mes mouvements. Autant imprégné de sang, le tissus durcissait et commençait déjà à frotter péniblement sur ma peau. Si ici, le vent était loin d'être agréable contre ma peau, au moins subissais-je moins l'influence du soleil. Si je décidai de laisser ma robe là, je récupérai néanmoins la corde, moins sensible à l'effet du sang séché, et la réattachai autour de ma taille. Ceci fait, je repris le bâton, affermissant ma prise dessus, et continuai mon chemin entre ces troncs noirs. Sans oublier de tendre l'oreille.

(Traître T_T)

Je m'étais appuyée sur un tronc d'arbre. Cet endroit semblait avoir le don de m'arracher mes forces. Si échapper à ce flot de sang avait déjà pompé une bonne partie de mes forces, marcher sur ces os qui sans cesse écorchaient mes pieds n'arrangeaient pas les choses.
Chaud.. Tout à l'heure, j'avais froid. Maintenant, je sentais la chaleur monter. A choisir, j'aurais préférée mourir dans ce froid. Je n'aurais pas autant voulu être loin. Pourquoi fait-il si chaud ? Quelque chose brûla ma main. Je la retirai vivement du tronc, et vis une trace rouge vif dessus. Ca faisait mal. pas de la même façon que mes pieds. A choisir, ce n'était encore une fois pas le genre de blessures que je voulais endurer.. Je tournai ma main et la regardai. Noire. Une sorte de poudre la recouvrait.. DE la "suie". Je fis quelques pas et me retournai. Du feu. Du feu recouvrait les arbres, pourtant, ils ne semblaient pas y être affectés plus que ça. Je n'y avais pas vraiment prêté attention auparavant, puisque j'avais essayé d'économiser mes forces, mais le bruit avait changé, ce n'était plus celui du vent. Quelque chose éclata près de moi, m'empêchant de me servir davantage de mes oreilles. Il allait falloir faire avec. Ma gorge me brûlait, et il ne me semblait n'avoir plus qu'un faible lien, lointain, avec mon corps. Peu importe. Je n'avais plus le choix. Sans laisser tomber le bâton, je me mis à courir. Même si ma gorge me brûlait. Même si mon corps ne voulait plus répondre. Au moins, avant de mourir, j'avais quelque chose à faire. L'illusion autour de mes ailes faiblit un instant, sans pour autant que je puisse m'en rendre compte : la magie à son origine n'était pas vraiment sous mon contrôle. Je devais donner mon point de vue à ce satané esprit qui m'avais emmené là. Non. Je le voulais. Et je n'abandonnerais pas avant de l'avoir fait.
Du moins, c'est ce que je pensais sur l'instant, courant pour échapper à cette fournaise.

Tu cours trop vite. Tu ne vois pas que tu es sur une falaise. Tu chutes.

Avais-je dis que je préférais faire face à un seul ennemi ? Dorénavant, je crois que j'éviterais de prendre les solutions faciles. Je devrais peut-être aussi sérieusement apprendre à me battre.. Et aussi à regarder où je mets les pieds. Je me sentais tomber. Une falaise. J'aurais dû la voir avant.
- Eh, toi ! Si je te retrouves, je m'entraînerais au maniement du bâton sur toi !!
Je sais qu'il m'a entendu. Celui qui m'a emmené là. Comment peut-on passer d'une salle à une prairie sans aucun relief autre qu'une forêt brûlante, en tombant qui plus est, et comment des arbres peuvent-ils brûler sans se consumer sans intervention de je ne sais quel esprit qui use mes nerfs de plus en plus ? Une lueur rouge perça le sang imprégné dans les cornes. Je déploya mes ailes. Peu importe ce qu'il y avait en dessous, la falaise était suffisamment haute pour que je meure en tombant directement de là-haut. Je me mis à battre frénétiquement des ailes. Si ce n'était pas très efficace, était loin d'être agréable et fatigant, ça avait au moins pour effet de ralentir ma chute.
Etait-elle si haute, cette maudite falaise ? Ce sang pesait vraiment lourd... Trop lourd. Au moins, le bâton était moins gênant que la faux, pour bouger librement mes ailes. A ce rythme, je n'allais pas tarder à me laisser tomber, et qu'importe ce qu'il advenait de moi après.. Mais non. Il semblerait que cet esprit ait décidé de jouer un peu plus avec mes nerfs.

[EDIT : Ah oui, j'oubliais. Âmes sensibles, s'abstenir ! C'est mieux...]

J'atterris finalement sur le sol, sans dommage à ma grande surprise. Tant mieux, je ne me sentais pas d'utiliser davantage mes Ailes de cette façon. De la terre. De la terre normale !! Pas de squelette. Pas d'odeur de fumée. Pas de sang. Rien que de la terre. Non. Il y a forcément quelque chose. Ca ne peut pas être aussi facile. Je commençais à recouvrir mon ouïe, et surtout à en prendre conscience, lorsque me parvint un étrange fumet. Au loin, d'où semblait provenir cette délicate odeur, se trouvait une forêt de conifère à l'allure apaisante. Une forêt ! Une vraie ! Etait-ce encore possible ? Non, je devais rêver.. Où était encore le piège, là-dedans ? Malgré tout, je décidais d'avancer et de suivre cette odeur. Le soleil étant de retour, il brûlait ma peau trop pâle. Malgré tout, ce n'était rien face à la fournaise dont je venais d'échapper. Mes pupilles réduites à de simple fentes et le bâton devant moi, j'avançais, utilisant ce qu'il me restait de prudence, jusqu'à arriver devant une bâtisse de pierre grise polie. Plus que la pierre, des poutres en bois soutenaient l'édifice, et une porte volumineuse se trouve face à moi. Je décidai d'ouvrir la porte et de pénétrer à l'intérieur de la demeure. Au milieu de la pièce se trouvait un gamin. Un gamin ! Je remonta ma main la plus basse, serrant le bâton jusqu'à faire blanchir (si du moins c'était encore possible..). J'avais vraiment envie de le tuer. Devrais-je le faire ? J'étais nue, seule la corde autour de ma taille couvrait mon corps. Je la laissai tomber. Être nue ne me dérangeais guère. Je ne comprenais pas qu'est-ce que cela changeait. Des habits. Ou ma peau nue. Ici, il n'y avait pas de soleil pour brûler ma peau. Alors qu'importait qu'on la voie ou non ? Il prit la parole, et je ne pus identifier sa voix comme appartenant à un tel ou tel autre type de personnes.. Enfin, du moins, mon instinct ne le put. Telle que j'étais à ce moment, même s'il y avait eu un gamin et un vieillard de dos face à moi en train de discuter, j'aurais été incapable de dire à qui appartenait quelle voix.

- Je m'impatientais. Mais vas-y, assieds-toi, mange, bois. Retrouve tes forces, tu en auras besoin. Il fit un geste de la main, et une chaise apparut à côté de moi. Alors... Quel est le sentiment ressenti ? Je veux dire... Quand on est piégé ? Tu as aimé le sang ? Je me suis bien amusé en te voyant te démener pour en sortir ! Et les flammes ! Te voir t'enfuir puis tombé... Quel superbe souvenir ! Enfin... Revenons dans le vif du sujet. Je resserra davantage encore ma prise sur le bâton pendant qu'il croquait dans un fruit rouge, sphérique. Quel succulent fruit ? Tu l'aimes toi aussi ?... Mais le connais-tu seulement ?... Aujourd'hui tu auras été piégée, proie, victime... Il est temps que tu te défoules un peu, après tout, c'est dans la nature de ta race ! Oh, oui.. J'allais lui rendre la monnaie de sa pièce, puisqu'il semblait être celui à l'origine de tous mes troubles. Il jeta la pomme, qui disparut, aussi bien de la pièce que de mon champ de vision : je l'observais lui, et non le reste. Cette salle t'appartient. Entière. Elle répondra au moindre de tes désirs, elle exaucera tout tes souhaits ! Tu veux te baigner dans une source d'eau chaude ? Soit ! Tu veux voir quelqu'un qui t'es cher ? Soit ! Tu veux tout ?! SOIT ! Il était arrivé derrière moi, avant que je m'en rende compte. Ca n'allait pas être aussi facile que je l'aurais aimé. Tant pis, je n'étais plus à ça près...  Mais tu dois me tuer. Obligatoirement. Tu me dois bien ça, après tout ce que j'ai fais pour toi.

Le tuer. Il ne demandais que ça ? Vraiment ? Oh, et puis zut.. Tais-toi, maudite conscience. J'en ai assez. J'étais tranquillement en train de dormir, et il m'a arraché à mon doux sommeil pour son pur plaisir.. Et le voilà qu'il me demande de me défouler, de le tuer. Pourquoi ne pas accéder à sa requête ? S'il le demande si gentiment... J'émis un rire franc. Je plaça mon regard dans le sien, avec seulement un imperceptible mouvement de tête, le temps d'un instant.

- Je vais vraiment...

Je me laissai tombée sur la chaise. Epuisée. J'étais épuisée. Durant toute cette course, durant ma chute, je n'avais pensé qu'au sort que j'aurais aimé lui faire subir. Et maintenant qu'il était devant moi... Je soupirai.

- Oh, et puis zut. Je n'ai même plus envie.

Mes cornes se mirent définitivement à luire d'une couleur rouge inquiétante, et l'illusion autour de mes Ailes se brisa pour laisser apparaitre les ailes d'écailles, toujours aussi rouges sombres qu'à l’accoutumée. Qu'elles soient recouvertes de sang ne changerait rien. Je pencha la tête sur le côté et souris, regardant droit dans les yeux cet être étrange qui m'avais demandé avec tant d'insistance de le tuer.

- C'est ce que j'aimerais dire, hélas, tu as un peu trop joué avec moi aujourd'hui. A mon tour, maintenant, de jouer ! Ne le regrette pas, petit être.

J'envoyai l'extrémité du bâton sur le front du gamin, avec plus de force que je m'en croyait capable. Alors que sa tête partait en arrière, je me relevai, envoyant la chaise se fracasser contre le mur. Les éclats de bois disparurent de la même façon que la pomme. Le bâton en main, je faisais face à l'être, qui se releva. Sans perdre de temps, maniant le bâton à quelque chose près comme j'aurais manié ma faux, je donnai un coup dans les côtes du gamin. Une fois encore, il décolla. Il n'aurait pas dû. Mais n'avait-il pas dit que cette salle était pour moi, qu'elle faisait apparaître ce que je désirais..? Parfait. On va pouvoir jouer. Je m'approchai de lui et lui décrochai un coup de genou dans l'estomac, avant d'assener brutalement le bâton sur sa colonne vertébrale. Il était à terre.

- Allons, ne me dis pas que c'est tout ? Relève-toi, on commence seulement..

Il se releva. Sans lui laisser le temps d'ouvrir la bouche, je frappai sa jambe avec l'une des extrémités du bâton, et enchaînai avec un coup à l'épaule. Le son des os qui se brisent se fit entendre, plus nettement cette fois. Ah, je ne me lasserai jamais de ce son, ce doux craquement, cette sensation d'un objet qui se brise sous l'impact de votre force..  Que faire, maintenant ? Broyer son cou délicat de mes mains ? Le tabasser jusqu'à ce qu'il ne puisse plus se relever ? Non, mieux... Le m'éloignai, et entrepris de briser un à un tous ses membres, l'empêcher de bouger, de faire le moindre mouvement. Emplie de cette sensation des os qui se brisent, je lui écrasai la main de mon pied, tout en m'appuyant sur sa poitrine de l'autre. Un grand sourire sur le visage, j'enfonçais le bâton dans sa gorge. Le sang gicla en fontaine et m’éclaboussa. Je ria aux éclat et fis plusieurs tours sur moi-même. Finalement, je m'assis sur une chaise et soupirai. Cette fois-ci, je me sentais incapable d'entreprendre quoi que ce soit d'autre. Je passa une main dans mes cheveux et sur mes cornes. Vraiment, tout ce sang sécher.. C'était un peu trop. Surtout avec le souvenir encore frais de ce liquide glacial. Non, je préférais de loin le sang fraîchement sortit du corps de ma victime, comme juste avant.. Quand bien même, je voulais me débarrasser de tout ce sang dans mes cheveux, sur mes cornes et sur mes ailes. Je fis apparaître une cascade, et nettoyai mon corps de tout ce sang. Une fois fait, et la cascade disparue, je m'étirai, et fit apparaître toute sorte de mets, ceux qu'il m'avait présenté en arrivant, et ne me gêna absolument pas pour les déguster au dessus-même de son corps. Cette fois, j'avais fait tout ce que je voulais faire ici. Il me fallait désormais trouver un moyen de sortir d'ici.. Oh, et puis zut. D'abord, je vais dormir. C'est bien beau, mais c'est fatiguant, de torturer un gamin prétentieux comme lui ! Ce qui me laissa le goût le plus amer, dans tout ça, c'est qu'il n'avait même pas émis un gémissement. A cette pensée, j'émis un nouveau soupir, d'agacement, cette fois. Non, vraiment, il allait falloir que j'arrange ça. Et vite.

L'être se releva sans que tu puisses l'entendre, tu dormais. L'être se rapprocha sans que tu puisses le voir, tu dormais. L'être souris au dessus de ton corps inanimé, sans que tu puisse le savoir... jusqu'à ce qu'une goûte de sang te tombe dessus, te réveille, et réveille en toi tes pires instincs. Ton instinct morbide. Ton instinct tueur. Ton instinct de chasseur. Tes yeux s'ouvrirent et découvrirent un être difforme, ses membres pendaient à son corps ou alors étaient positionnés étrangement. Sa tête elle était penchée en avant, juste retenue par le cou, un fin filet du liquide rouge coulait de ses lèvres. Il n'était pas mort, certe, mais il n'était pas tout à fait vivant non plus, ses blessures avaient guéri d'elles seules, si on peut nommer ça une guérison... En un instant, il attrapa l'une de tes cornes et la serra furieusement. Il te traîna sans que tu puisses rien faire vers le mur le plus proche. Un coup. Deux coup. Ta tête fut frappée contre la roche, solide cette fois. Le monde se brouilla autour de toi, ta vision n'était plus qu'un flou de couleurs, ton ouïe n'était plus qu'un crescendo de douleur. L'enfant ria. Il balança ton corps à moitié inanimé plus loin dans la salle. Corps qui atterrit sur un grand siège de velours noir et de bois rouge, apparu là au bon moment, au bon endroit. Il se rapprocha de toi en un éclair.

- Je t'ai dis de me tuer. Je te l'ai dis ! Tu crois vraiment que tu peux m'achever avec un bâton, moi, moi qui ai commandé au sang de te noyer ! Moi qui ai commandé aux bêtes de te pourchasser ! Moi qui ai fais jusqu'à une forêt inconsumable pour te consumer ! Tu ne sais rien. Pour pouvoir me chasser, me tuer, tu dois utiliser toute les ressources que tu as dans ton environnement ! Et étrangement, cet environnement est tout ce que tu veux à la fois... Une forêt !

Le chant des oiseaux. C'est la première chose que tu entendis. Puis le bruissement des feuilles au vent. Tes yeux perçurent l'infinité de vert de l'endroit, et enfin, t'es pieds s'enfoncèrent dans le sol meuble et humide. Le garçon se pencha au dessus de toi et au dessus du sièges ou tu étais assise. Il flottait.

- Un océan... 

Plus d'oxygène. Tu flottais en t'étouffant dans l'eau glacée. Ton siège à côté de toi. Puis soudainement, une énorme forme passa tout près de toi. Une forme noire et blanche. Une forme qui te fit viollement dérivé, alors tu t'accrochas au siège avec le reste de tes misérables forces. Puis tu tombas.

- Un volcan ! 

Le gamin riait tandis que vous chutiez tout les deux vers le cratère remplie d'un liquide rouge, chaud, tu crus qu'il s'agit de sang jusqu'à qu'une partie de ce liquide explose et te manque de peu dans ta chute. Tu tenais bon, t'accrochant à l'accoudoir... Puis tu atteris. Doucement. Sur le sol de la salle d'origine. Le gamin riait. 

- Amusant, n'est-il pas ? À ton tour de tout utiliser pour me tuer... Mais, je dois te prévenir cette fois que je te rendrais tout les coups qui ne m'achèveront pas... 

Il fit craquer ses doigts et recula, les torches s'éteignirent, la salle fut plongée dans le silence que seul le rire macabre de la chose perçait comme un poignard dans la chair.

(Tu as 3 essais. Si tu n'arrives pas à tuer ta proie au bout, c'est elle qui te tueras. Chasseuse chassée ~)

Une goutte. Du sang. Je le sais. J'ouvris les yeux. Le petit être était au dessus de moi. Comment pouvait-il encore bouger ? Comment pouvait-il être encore vivant, la gorge broyée..? J'étais à peu près sûre de ça. Un être avec la gorge broyée comme je l'avais fait, ne pouvait vivre très longtemps. Alors, pourquoi..? Il attrapa ma corne. Non. Pas mes cornes. Alors que cet être désarticuler tirait sur ma corne, je sentais une vague de douleur irradier mon crâne, et se propager à mon corps. Pas mes cornes. Pas maintenant. Surtout pas maintenant. Je sentis mes sens s'estomper, tandis que la douleur se propageait. Noir. Etais-je inconsciente..? Non.. La douleur, à nouveau. Violemment. Les sons étaient distants. Ils n'étaient plus. Seul le bruit de mon propre corps me parvenait encore. Quelque chose. Voir quelque chose. Sentir quelque chose. Maintenant, ou il sera trop tard. Mes cornes... Je maudis intérieurement ma propre faiblesse. Pourquoi y avait-il fallu que ce soit des cornes ? L'être parlait. J'entendais quelque chose, lointain, incompréhensible. Que me voulait-il ? Non, ce n'est pas comme si ça m'intéressait vraiment.. Que cherche-t-il ? Je sentis vaguement plusieurs changements, autour de moi. Je serrai mes mains autour de quelque chose, du moins, c'est ce que je déduisis, puisque je ne sentis pas mes propres ongles me transpercer la peau. Finalement, l'ambiance se stabilisa. Je commençai à recouvrir mes sens, et crut distinguer quelques unes des paroles de mon bourreau.
- Amusant, n'est-il pas ? À ton tour de tout utiliser pour me tuer... Mais, je dois te prévenir cette fois que je te rendrais tout les coups qui ne m'achèveront pas...
J'ouvris les yeux, doucement. D'abord un amas de tâches colorées sans réelles significations. Je restais immobile. Je savais que je ne devais pas bouger. Pas encore. Ou ce serait pire. D'abord l'ouïe, n'est-ce pas..? Cet être riait. Il riait, comme s'il n'avait jamais attendu que ça. Mes mains se crispèrent davantage, tandis que je forçais mon corps à rester immobile. Après l'ouïe, le toucher. Forcément. Je sentis plus nettement mes mains broyer cette chose, sous mon corps, tout comme je sentis mes doigts crier. Trop de force. Trop de pression. Pas bon. Tant pis, il semblait, de toute façon, que la force physique seule ne pouvait suffire. Finalement, je parvins à ouvrir les yeux complètement. Mais je ne devais pas encore me relever. Pas tout de suite. Alors, je pris le temps d'observer les lieux, à nouveau. C'était la même pièce que celle dans laquelle je m'étais endormie, rien n'avait changé. Si ce n'était les torches, désormais éteintes. Je relâchai l'emprise de mes mains, et, m'en servant comme d'un appui, me relevai comme si rien ne s'était passée, tranquillement, calmement. J'avais mal. Oh, ça oui, je savais que la douleur n'était pas prête de m'abandonner. Mais je m'en moquais.

- Oh, tu souhaites retourner ton propre pouvoir contre toi, je vois...

Je ferma les yeux un court instant et visualisa ma faux, ma préciseuse Crystal Dark. Je tendis la main, rouvrit les yeux. Elle était là, dans ma main. Comme attendue. Pourtant, elle n'était pas réelle. Maintenant, je le savais. Ce monde n'était pas réel. Cette pièce n'était pas réel. Seul cet être l'était. Non pas son corps, mais son existence. Laissez-moi le plaisir de la réduire à néant... Allons-y, ma fidèle partenaire illusoire. L'heure de manger a sonné.

- Tu ne verras donc guère d'inconvénient à tomber ? Ni à te faire écraser ?

Une falaise apparut. Je flottais dans les airs, entourée d'une bulle immatérielle, sur le plancher de cette stupide salle. Je regardais l'être tomber. Encore... Et encore. Sa chute ne finirait pas de si tôt, j'avais décidé de réduire son corps en miette. Finalement, il atteins le sol avec un bruit déchirant. Aussi tôt, un bruit sourd se fit entendre, et une montagne de rocher piétina le corps plus encore qu'il ne l'avait été. Mais cela ne suffisait pas, non. Pas encore.

- Ni à visiter les fond que tu tenais à me montrer ?

Le décor changea brusquement, sans prévenir d'une quelconque façon que ce soit. Ici, il faisait noir, aucune lumière ne pouvait arriver jusqu'ici. Malgré tout, on pouvait encore deviner des bulles d'air s'échapper. Je n'aurais aucune pitié. Je patienta, jusqu'à sentir mon bras s'affaiblir, plus encore, jusqu'à sentir ma main glisser sur le manche de ma faux. Peut-être était-ce assez, pour cette fois.

- Ou, toi qui voulait me tuer par le feu, à sentir sa morsure au plus profond de ta chair ?

Je me remémorai ces charognes que j'avais pu apercevoir, une fois. Ces créatures, des "vers", en dévoraient la chair pourrissante. Une vague de feu liquide traversa le décor, remplaçant les fonds marins par une terre aride. mais surtout, des créatures de feu liquide, semblables en tout point, à ce détail près, à ces créatures nommées "vers", pénétraient désormais de toute part dans le corps de cet être. J'attendis que l'odeur de la chair brûlée emplisse l'air.

- Oh, excuse moi. Tu préférerais peut-être qu'on se souvienne de tes derniers instants à tout jamais ?

La terre aride se transforma en désert de glace. Petit à petit, la glace prenait de l'épaisseur, de l'importance, se mettant peu à peu à recouvrir l'être. Je portai ma main à ma tête. La douleur était toujours là, peut-être ravivée par par ces étapes d'une douce vengeance. La salle de parquet réapparu. Je saisis ma faux correctement, m'approchai de ce qu'il restait du corps de cet être impertinent qui réclamait la mort en la semant.

- Mais ça ne suffira pas, n'est-ce pas..?

J'utilisai Crystal Dark, matérialisée plus tôt, pour trancher le frêle coup de l'être. Celle-ci vola un peu plus loin. j'ouvris la main, laissant la faux disparaître. Je tendis les bras, réclamant à la salle deux dagues grossières. Ca suffirait. J'en planta une dans le crâne de la créature, allant jusqu'à enfoncer la dague dans le sol sans ménagement. Je m'approchai ensuite du reste du corps, et répéta l'opération. Etait-ce suffisant, cette fois ? Ou bien arriverait-il encore une fois à se régénérer..?
N'avait-il pas dit que la salle permettait d'obtenir ce que je souhaitais ? J'étais fatiguée, et mon crâne se résumait à un seul mot : douleur. Je ne parvenais plus à penser clairement. La seule chose dont j'étais certaine, c'était que je voulais que cette salle se détruise. Avec cet être. S'il s'agissait de son pouvoir, qu'il soit enterré avec !

25 points d'expériences pour cette quête.